A letter from Dec 19, 2024

Je ne sais pas qui tu seras. Je ne sais pas moi même qui je suis. Je n’ai même plus idée si je l’ai déjà été. J’ai créé un trou béant dans ma vie. J’ai tout bousculé, croyant intensément que je pouvais mériter mieux. Quel ramassis de conneries. On ne se satisfait jamais de ce que l’on construit. Intimement persuadés que l’on peut obtenir encore davantage. Alors on se croit malheureux, malchanceux, lorsque l’on se retrouve sans rien, pensant avoir échoué et n’avoir rien vécu. Alors que l’on a vécu et c’est notre plus grande richesse de vivre. Je devrais être heureuse de vivre, d’avoir la chance d’essayer. Je ne ressens rien en fait, tellement habituée à souffrir que ne rien ressentir est une punition. Alors je me torture d’histoires sans lendemain, imaginant que je ne peux pas être aimée. J’ai tord, mais à quelle échelle ? À quel point je veux me convaincre de me taire ? J’ai froid, j’ai chaud, je boue, je gèle. Je m’en veux d’essayer sans être sure. Je m’en veux de ne pas être capable de tout réussir du premier coup, comme si on m’avait déjà donné la notice pour tout construire. Brique par brique j’essaie de devenir un exemple pour cette petite fille qui ne pensait pas avoir d’avenir. Je veux la voir fière. Je veux lui dire qu’elle va guérir. Je veux lui dire qu’elle se suffit. Par dessus tout, je veux lui dire qu’il suffit de dire non. Qu’elle peut élever la voix, se faire entendre. Fais moi savoir que tu as dit non ou je le ferai à ta place.