A letter from August 15th, 2020

Salut toi. Tu te souviens de mon époque ? Celle où t'avais les cheveux rouges, et que ta famille t'appelait encore Angèle en te prenant pour une fille. Tu t'en souviens ? J'en suis presque sûr. Après tout, c'était y a pas si longtemps que ça. Cinq ans se sont écoulés entre le jour où tu lis ceci et le jour où je suis en train de t'écrire cette lettre. Est-ce que je te manques , ou est-ce que t'as la vie dont tu rêves ? Je me pose pleins de questions, tu sais. Je me demande si je suis autiste. Si je trouverai quelqu'un. Si j'irai vraiment bien un jour. T'as toujours des nouvelles d'Alice ? On est meilleures amies, et on rentre en L3. Mais après cette année elle partira de Bretagne et ne reviendra plus. Ça sera donc de la longue distance. J'ai peur que ça ne tienne pas et qu'on ne se voie plus. Est-ce que c'est le cas, ou est-ce qu'Alice est véritablement la personne en or que j'imagine ? Tu penses toujours que je suis quelqu'un de bien ? Parce que j'ai beau essayer de chercher, je trouve rarement une réponse positive. Y a toujours cette idée d'hypocrisie à peine camouflée et l'égoïsme qui squatte ma conscience et me font douter. J'aimerais savoir comment c'est, dans le futur. Mais je ne peux qu'imaginer. Il n'y a que toi pour savoir ce que tu vis, mais à l'heure où j'écris ceci, tu n'existes pas encore. Ça serait bien le concept inverse : Pouvoir s'envoyer une lettre du futur dans le passé. Mais ça voudrait que le voyage dans le temps existe, ce qui serait grave cool. Mais impossible... T'as toujours les crises de panique ? Moi, oui. Souvent, j'ai l'impression. Comme les crises d'émotions, à cause de cette saloperie d'empathie, ou simplement des nerfs qui lâchent. J'espère sincèrement que tu vis mieux que moi. Que tu as le bon corps et que t'es en paix avec lui. Avec ton esprit. Chose qui me paraît impossible ce soir, me concernant en tout cas. Si ta vie actuelle ne te conviens pas, BARRE TOI DE LÀ. S'il te plaît. Normalement, si tout s'est bien passé, t'as un boulot, t'as un diplôme, t'as un appart. T'es bien plus douée que moi. T'as plus d'expérience que moi. Alors je t'en prie, si ta vie ne te plait pas, fonce en vivre une meilleure. Et si ta vie te rend heureux.se, ainsi soit-il ; vis à fond et apprécie chaque moment. Tu n'existes pas encore ce soir, mais tu existes le jour où tu lis ceci. Je ne souhaite que ton bonheur. Que tu fasses ce qui te plait, ce qui te fait vibrer. Tu te souviens ? Je suis en train d'évoluer. D'ailleurs, à l'heure où je t'écris, Véro me doit 100 000 euros dans trois ans. Franchement si elle a tenue parole, t'es riche. Tu te souviens de pourquoi elle te devait 100 000 euros ? Parce qu'elle ne te croyait pas. Elle est persuadée que je ne suis pas Charly, que je suis toujours une fille et que dans trois ans ça ne me dérangera pas d'être considérée comme telle. Je sais qu'elle a tort, et pour être honnête ce pari m'a quelque peu motivé. Pour perdre du poids, pour me muscler. Pour avoir un air plus neutre. Et pour réfléchir aux moyens médicaux pour me sentir mieux. Enfin, je dis ça, mais il n'y a que toi pour savoir ce qu'il va m'arriver. Je t'aime, Charly. Ou Lucas, selon la période. Je t'aime, peu importe ce que tu es. Prend toujours soin de toi. Charly d'il y à cinq ans.