A letter from November 6th, 2018

Chère Sarah trentenaire, Si je t'écris aujourd'hui, c'est que je fais face à plusieurs changements dans ma vie, et que cela me fait terriblement peur. Nous sommes mardi 6 novembre 2018, et l'automne est définitivement ma saison préférée. Le soleil me chauffe le dos à travers ma fenêtre, le lit est fait, comme à mon habitude, et le livre que je suis en train de lire (Backlash, de Susan Faludi) est posé à côté de mon plaid gris, qui est si confortable. J'ai décidé d'écrire, en jouant par intermittences au Scrabble avec Olivier et Maman, car il me semblait que c'était le bon moment. J'ai passé ma soutenance le 23 septembre à Rennes, où j'ai obtenu 14. Depuis, j'ai un peu travaillé à l'hôpital en intérim aux cuisines et, depuis, rien. J'ai eu rendez-vous au pôle emploi afin de voir les possibilités que j'ai, et je pourrais faire un stage rémunéré avec eux. Mais à côté de cela le SVE me paraît comme la planque idéale, malgré le fait que j'ai vraiment envie de travailler pour gagner de l'argent. Donc maintenant que je dois faire un choix, j'ai peur. Peur de faire le mauvais. Barbara me répète sans arrêt que je réfléchis trop (Elle est à Cork, bosse chez Apple actuellement et là elle est en vacances en Colombie) Soraya pareil (elle est apprentie à l'Oréal à Paris) Audrey me dit que je vais trouver rapidement et que je vais m'éclater (elle bosse à Amazon à Gdansk après avoir fait un SVE en Pologne) et Cindy me dit que j'ai déjà eu des expériences similaires et que ça devrait aller, que je dois me bouger le cul (elle travaille dans un centre d'appel RbnB à Barcelone depuis deux semaines). Je suis très, très fière d'elles. Elles me renvoient néanmoins à ma médiocrité actuelle, celle qui fait que je semble prendre racine dans ma ville natale, chez mes parents, que j'ai mis ma vie en pause. Je bois maintenant ton thé préféré. Tu sais, le thé des vahinés du Palais des thés. Peut-être que tu aimes toujours lui maintenant, ou que tu en as découvert un encore meilleur. J'espère bien. Ce qui m'a décidé tout à l'heure à écrire est le fait que je ressassais dans ma tête le fait que je sois en pause, que je ne fasse rien d'exceptionnel, alors que j'ai déjà tellement fait de choses. Je regardais à nouveau la bande annonce de ton film préféré (à moins que tu en aies un autre maintenant ?) la vie rêvée de Walter Mitty, et j'ai commencé à pleurer d'émotions. Il faut que je commence à vivre, et arrêter d'avoir peur. La vie est ce que l'on en fait, et j'ai envie de vivre quelque chose de grand. Là où tu es, en 2025, j'espère que tu es bien. Que la décision que je vais prendre d'ici les jours qui arrivent sera la bonne, et t'auras mené dans un meilleur endroit, où tu te seras épanouie, et dont tu gardes des souvenirs heureux. Si ce n'est pas le cas, j'espère en tout cas que l'essai d'après fut plus concluant. Après tout, tu as toute la vie pour réussir. Si tu n'es pas épanouie là où tu es maintenant, change de situation. Rien n'est éternel, Sarah, et je t'en voudrais pour toujours de passer à côté de ta vie. Parce que maintenant, mes rêves de filles de 23 ans sont grandioses. Tu as eu 30 ans il y a quelques mois. Où en est-tu maintenant ? As-tu un travail qui te plaît ? Une situation amoureuse qui te conviens ? (Actuellement, je me rends compte que rester célibataire ne me dérange plus. Il suffit de lire mon journal intime en cuir sur cette période-là de ma vie, j'ai eu une longue conversation avec moi-même récemment sur ce que j'attendais de la vie amoureuse et maritale, et il semblerait que ce ne soit peut-être pas fait pour moi.) Le but de cette lettre est que tu saches que je suis fière de la personne que tu es devenue. Même si tu n'as pas le job de tes rêves, même si tu ne vis pas dans un pays qui te plaît, même si tu as fait des erreurs que tu regrettes. Tu es une bonne personne, qui mérite le meilleur. J'espère que, depuis le temps, tu as pris confiance en toi ! C'est ce qui me bloque le plus, actuellement. Le manque d'estime que j'ai pour moi-même. Mais il est temps que cela change. Cette lettre marque la fin de mon état stagnant. Sarah. Quand je me projette à 30 ans, je me vois dans un appartement ou une petite maison cosy, dans la nature, à écrire et à vivre lentement. A avoir un travail qui me plait, qui fait la différence et dans lequel je m'épanouis. J'ai du temps pour lire, je sors un peu et je me sens bien. Si ta vie a prit un tournant inattendu, sache que c'est peut-être pour le meilleur. Si ce n'est pas le cas, il n'est jamais trop tard pour changer de vie. Je serai toujours fière de toi. J'espère que tu as construis une relation saine avec ton corps. Actuellement, j'ai du mal à me changer devant un miroir. Tu te souviens j'espère de l'état dans lequel cela me mets ! Cultive tes amitiés, elles sont précieuses. Ne fais surtout pas passer un homme avant toi. Tu vaux mieux que ça. Bon, il est temps de finir cette lettre je pense. J'espère qu'en la lisant, tu auras souris, de l'attention que je porte aux petits détails, des attentes que j'ai envers toi, et de l'intérêt apporté à toi, maintenant. Ô combien je sais que tu es sensible, que tu te fais beaucoup marcher sur les pieds et que tu es gentille. Ton doux cœur vaut de l'or. Si le monde était peuplé uniquement de personnes comme toi, alors il serait bien plus beau. Quoi qu'il arrive, sache que tu es une bonne personne. Tu mérites de vivre de grandes choses, et tu as toujours le choix. Ne culpabilise pas de changer de vie parce que cela fait du mal aux autres. Tu mérites le meilleur, et j'espère que là où tu m'auras mené, je serais bien. Prend soin de toi, je t'aimerai toujours. Sarah